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Unschooling, non-scolarisation


Je l'avais promis, il y longtemps, voici l'article sur le unschooling! Ou plutôt, mon article sur le unschooling, ce que c'est, mais aussi ce que c'est pour moi et en quoi ça m'a fait cheminer.


Je vais d'abord définir de quel type de "non-sco" je veux parler. Car on peut ne pas scolariser ses enfants à l'école, mais le scolariser à la maison. C'est-à-dire, faire des cours par correspondance, ou lui donner des cours soi-même, en suivant les programmes de l'Éducation Nationale ou pas, en créant de façon plus ou moins souple un programme qui s'adapte à l'enfant et à ses goûts (ex: votre fille s'intéresse à la mode, vous voulez qu'elle apprenne l'anglais, vous lui offrez donc des livres en anglais illustrés sur la mode et lui demandez un exposé dans cette langue sur son sujet favori).


Toutes ces approches impliquent qu'une personne extérieure, en l'occurrence un adulte, va enseigner quelque chose à l'enfant, selon la croyance qu'il est bon qu'il apprenne cette chose, à ce moment-là.


Or, ce n'est pas de cette approche que j'aborde aujourd'hui, mais celle de l'apprentissage autonome et libre. Comme le défini Clara Bellar dans cette interview, réalisatrice du superbe documentaire sur ce sujet, "Être et Devenir", "Un des termes que je trouve vraiment juste, c'est le Life Learning. Comme le dit Leslie Barson dans le film, ce qui compte c’est l’auto-motivation. C'est pourquoi le unschooling n’est pas forcément le fait de ne pas envoyer ses enfants à l'école. Un enfant peut demander d'aller à l'école, si c'est lui qui choisit cette voie, il est motivé pour apprendre de cette manière et reste dans une logique d'apprentissage autonome. Il est donc unschooled."


J'ai découvert la non-sco, avec toutes ces nuances, lorsque j'étais enceinte. Cela m'a beaucoup parlé et motivé. Ça faisait écho avec ce que je vivais depuis la fin de mes études. J'ai vécu un grand passage à vide. Brusquement libre, après avoir passé 20 ans à agir selon les directives de mes professeurs ou de mes parents, il fallait que je crée ma vie seule. Mais je n'avais plus l'habitudes, depuis des années, de la créer! Je devais redécouvrir mes désirs, j'étais seule à savoir quoi faire et quoi décider, il n'y aurait plus personne pour passer derrière et me dire si c'était bien ou pas... Aurais-je vécu cela si j'avais toujours dû savoir quoi faire et quoi décider pour moi?


Dans mes recherches, je suis tombée sur cette interview vidéo de André Stern, adulte qui ne fut jamais scolarisé et qui en a d'ailleurs écrit un livre: "Et je ne suis jamais allé à l'école" (je l'ai lu et le conseille, c'est terriblement drôle parfois!!!). Il livre à la fin une citation: "Nous ne cherchons plus d'éducations alternatives, nous cherchons une alternative à l'éducation." Bingo.


En effet, comme il le dit dans la vidéo, qu'ai-je réellement à "enseigner" à mon enfant? N'est-ce pas plutôt l'accompagner à ne pas perdre son potentiel inné? Nous sommes tous émerveillés en regardant un petit enfant jouer, nous envions sa joie spontanée et naturelle, son immense ouverture du coeur, sa capacité à être dans l'instant présent et ne jamais en sortir, à exprimer librement ses émotions...!!! Tant d'approches de développement personnel parlent de retrouver son enfant intérieur... À voir tout cela, il me semble que ce sont plutôt les enfants qui ont beaucoup à nous apprendre! et c'est d'ailleurs ainsi que certains les considèrent: comme des maîtres.


Clara Bellar dit que son film traite de la confiance. "Je veux parler de la confiance en soi, en la vie, en son enfant." C'est effectivement le chemin que demande l'apprentissage autonome. Selva a appris à marcher et à parler sans que je le lui enseigne. Elle avait envie de le faire. Puis-je faire confiance au processus de la vie, pour qu'elle ait un jour envie d'apprendre à lire, écrire, compter? D'apprendre un métier qui lui plaît, qui lui permette de mener sa vie sereinement dans la société dans laquelle, j'en suis sûre, elle aura envie de s'inclure? Je l'espère, et aujourd'hui je crois que oui. Et puis, la vie, n'sest-ce pas un apprentissage permanent? Déjà, en m'observant moi: tout ce que je fais et connais, je ne l'ai pas appris à l'école. J'ai fait ma première déclaration d'impôts: j'ai demandé de l'aide à quelqu'un qui savait (et, franchement, s'il y a bien UN cours qui pourrait être un peu utile à TOUT le monde, ce serait sur ça!). J'ai acheté un tissu qui me plaisait, et j'ai eu envie d'en faire une robe: j'ai acheté un livre, regardé sur internet, demandé des conseils à une amie. Ça ne vous est pas arrivé, à vous? Et vous ne vous êtes pas dit "Hé, attends! tu n'es pas à l'école! tu ne sais pas apprendre, tu n'es pas censé apprendre tout seul!" ? Héhé. ^^


Pour autant, l'apprentissage autonome n'est pas rester les bras croisés, et là je parle des parents. Mais ce qu'il y a "à faire" semble venir assez naturellement. Car ce choix découle d'un certain état d'esprit: l'envie de donner le meilleur espace à son enfant pour qu'il épanouisse son plein potentiel. Il paraît évident alors de lui donner les occasions d'apprendre, avec du matériel intelligent à la maison, des rencontres fréquentes avec toutes sortes de personnes... Il ne s'agit pas pour moi d'une méthode éducative dont on pourrait donner et appliquer les recettes, mais plutôt d'une façon d'entrer en relation avec l'enfant. C'est, vraiment, sortir du paradigme selon lequel l'enfant est un sauvage à éduquer, dominer, dresser, "ne pas le laisser gagner"...et entrer dans la confiance, effectivement, en soi, en l'enfant, et en la vie.


Oui, avoir confiance en la vie "sans école", car elle est "bien faite"! Finalement, l'école est un phénomène extrêment récent dans l'histoire de l'humanité. Comment en vient-on à croire qu'il est si indispensable? Ah oui, si on ne va pas à l'école on n'aura pas un bon métier... Mais qu'est-ce qu'un "bon" métier? Et, à voir les trajectoires de vie des enfants en apprentissage autonome devenus grands, toutes différentes et étonnantes, chacun s'épanoui dans un métier qu'il était motivé pour apprendre. S'il fallait un bac, puis un master, ils travaillaient pour l'obtenir, s'il fallait vivre avec les éleveurs de rennes en Sibérie pendant 2 ans, ils le faisaient... (bon là je m'enflamme un peu, je n'ai jamais vu ça encore!!! ^^)


Et puis, si l'on regarde l'histoire de l'école en France, on peut voir qu'elle n'existait pas aussi formellement avant l'invasion romaine (il s'agissait plus de transmission orale de savoirs, orchestrée par les druides, pour les enfants des classes hautes). Après l'invasion, elles se sont multipliées, pour inculquer aux enfants la langue et la culture romaine, et de ce fait développer leur assimilation culturelle. Puis au Moyen Âge, c'est l'Eglise qui prend le relais, car il faut maintenant les christianiser. Plus tard, ce sera pour combattre la vague réformiste protestante, alors qu'à une époque plus récente, l'école est devenue laïque. Les écoles primaires se multiplient dans le début des années 1800, pour unifier et stabiliser le pays après la Révolution. À d'autres époques, il s'agissait de former de plus en plus de main-d'oeuvre industrielle, de garder les enfants pendant que les mères se mettaient au travail et les pères à la guerre, ou d'enseigner et justifier des théories colonialistes...et aujourd'hui?

Ce qu'on considère comme une vieille institution incontournable et immuable, a subi énormément de reconversions, en fonction de besoins politiques, religieux, économiques... mais pas des besoins naturels des enfants. En avaient-ils vraiment "besoin", au départ? Ont-ils été consultés? (Haha.)


Bref, après cette parenthèse historique, j'en conclu que le problème en soi n'est pas de créer une école, mais plutôt l'intention avec laquelle on la crée, et comment on compte s'en servir: pour dominer ou pour laisser libre?


Aujourd'hui, je vois aussi que le unschooling pourrait impliquer des changements à plus grande échelle. C'est un mode de vie fait de choix: le choix de travailler moins pour passer plus de temps avec ses enfants. Le choix de se mettre au rythme de l'enfant, du présent, de l'émerveillement, plutôt que celui, effrené, de la productivité et de la consommation. Le choix de faire plus de rencontres réelles que virtuelles, qui nourrissent davantage l'enfant, mais aussi le parent. Cela suit le principe logique selon lequel "ce qui est à l'intérieur se manifeste à l'extérieur." Le développement de la confiance dont je parlais plus haut, amène très certainement à faire des choix de vie plus respectueux de soi, des autres et de la planète.


Bien sûr, changer de paradigme n'est pas évident. Comme vous peut-être, je me suis demandé "et comment font-ils pour la socialisation?", avant de me rendre compte que la socialisation n'est pas la collectivisation, n'est pas le fait d'être classé selon son âge avec d'autres individus du même âge. Le unschooling laisse plus de liberté aussi aux relations, car on ne présuppose pas que telle ou telle personne plaira plus à son enfant en fonction de nos critères. Je me suis demandée à quoi ressemblerait ma vie professionnelle et familiale. J'ai lu beaucoup de témoignages. J'ai vu que ces parents avaient, en fait..créé leur vie. Différemment du modèle habituellement présent dans notre société. En partant de leurs envies et convictions, ils s'étaient organisés, et continuaient à créer au jour le jour, ils avaient modifié leurs envies, renoncé peut-être à certaines (une carrière, plus de biens, d'argent...) au profit de ce qu'ils considéraient comme leurs nouvelles priorité. Ils avaient, vraiement, intégré leurs enfants à leur vie. Plus en périphérie, mais pas en plein centre non plus: juste en considérant l'enfant comme un membre aussi important qu'eux-mêmes.


En voulant permettre à leurs enfants de mieux créer leur vie, ils avaient fait de même pour eux. C'est ce que je trouve formidable dans cette approche: elle rend évident le fait qu'une fois devenus parents, on "s'éduque" autant que nos enfants. ;-)

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